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Photo du rédacteurAnnelise MAZILLE

Le syndrome de l'imposteur

Vous connaissez ce sentiment de s'imaginer être un imposteur ? Probablement... Selon une étude portée par Jaruwan Sakulku et James Alexander (« The impostor phenomenon », (International Journal of Behavioral Science,‎ 2011) 70% de la population connaîtra au moins une fois dans sa vie ce phénomène.


Un peu d'histoire

Ce terme de "syndrome de l'imposteur" est né en 1978 suite aux travaux de deux psychologues, Pauline Rose Clance et Suzanne Imes. Elles ont remarqué lors de séances de thérapie que certaines clientes qui réussissaient parfaitement leurs études, ne se sentaient pas à la hauteur et avaient le sentiment que leur réussite était uniquement liée au facteur chance, ou à la surestimation de leur capacité par autrui.


Pour commencer qu'est-ce que l'imposture ? Je cite Wikipédia : "Une imposture est l'action délibérée de se faire passer pour ce qu'on n'est pas (quand on est un imposteur), ou de faire passer une chose pour ce qu'elle n'est pas (supercherie, mystification, escroquerie, voire canular). La nature d'une chose ou l'identité d'une personne se révèle en définitive différente de ce qu'elle laissait paraître ou croire. C'est une forme de tromperie."


Le syndrome

Le syndrome de l'imposteur prend une forme de mal-être chez les personnes qui en souffrent. Souffrance non pas dans le sens où il s'agit d'une maladie dont on est atteint, mais plutôt d'un état psychologique.

Comment cela se traduit ? En général par une grande peur ! Celle d'être découvert. Rappelez-vous l'imposture est le fait de tromper volontairement, de faire passer quelqu'un ou quelque chose pour ce qu'il n'est pas. Or dans le cas du syndrome, c'est de soi dont il s'agit.


Si vous êtes sous le coup de ce syndrome, vous allez avoir peur que les autres (votre patron, vos collègues, amis, famille...) découvrent que vous n'êtes pas à votre place. Parce que vous même pensez que vous ne l'êtes pas !

Vous allez croire que ce qui vous arrive : une promotion, de très bonnes notes à l'école, des félicitations, une embauche.... est le fruit du hasard, de la chance ou je ne sais quoi d'autre, mais en tous les cas, vous n'acceptez pas que cela puisse être le fruit de VOTRE travail, votre persévérance, vos qualités....


Donc, vous vous retrouvez dans une situation dans laquelle vous pensez que vous n'êtes pas à votre place, ni même à la hauteur. Pire encore, "on" va s'en rendre compte. Et alors ? Les scénarios catastrophes vont s'enchaîner dans votre cerveau très imaginatif !

Sauf que : vous n'avez pas menti, trompé, volé pour arriver là où vous en êtes ! Cette situation vous la méritez.


Mécanismes de défense

Vous vous sentez coupable, et vous ne voulez pas être "démasqué", vous allez sûrement adopter une des stratégies de défense mises en évidence par le Dr Valérie Young. Parmi ces stratégies on retrouve :


Overdoing

C'est le fait de travailler beaucoup, voire plus que nécessaire (on retrouve souvent des personnes perfectionnistes dans l'application de cette stratégie). En donnant beaucoup (de temps, d'énergie...) cela permet d'attribuer la réussite à une grande quantité de travail et non à ses propres compétences. L'effet à long terme est un risque accru de burn out.


Expertise

Dans ce cas, il va s'agir d'aller chercher beaucoup d'informations, de toujours chercher une nouvelle formation ou certification pour améliorer ses compétences et ainsi se justifier. Cela peut mener à de la procrastination (cf article). Les "experts" sont en quête de toujours plus et ont parfois du mal à se lancer, à se mettre en mouvement.


Le génie

Dans cette catégorie, on retrouve les personnes qui ont des facilités d'apprentissage et qui, lorsqu'elles doivent fournir un effort particulier, vont avoir le sentiment d'être un imposteur. Puisque tout vient habituellement facilement, elles vont croire qu'elles ne sont pas assez douées si elles doivent travailler "plus" et donc prendre cela pour une preuve qu'elles ne sont pas à la hauteur.


Les origines

S'il est difficile d'identifier précisément d'où vient ce sentiment d'imposture, il est quand même fréquent de retrouver une problématique d'estime chez les personnes touchées.

En effet, l'estime de soi est le jugement que l'on porte sur nous, l'évaluation de notre propre valeur (cf article "dépasser le regard des autres"). Si ce regard est plutôt négatif, nous aurons des difficultés à accepter notre réussite... CQFD.


Comment en sortir ?

Pour prendre conscience que vous êtes peut-être victime du syndrome de l'imposteur, je vous recommande de faire le test suivant : échelle de Clance, qui est un test mis au point par le Dr Clance.

Si les résultats confirment cette hypothèse, je vous conseille un petit coup d'oeil sur cette vidéo , un Ted Talk de Mike Cannon-Brookes. Il apporte un regard intéressant sur ce sujet au travers de son expérience.


Enfin, prenez le temps de réfléchir à la situation calmement et à tête reposée. Listez toutes les réalisations dont vous êtes fier. Voyez ce qui vous a amené dans cette situation, et demandez-vous : "Est-ce vraiment le fruit du hasard ?"



Crédits photos Annca pour pixabay - Lykruwe pour Pexels - Antranias pour pixabay

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