L'expression Communication NonViolente (CNV) est la traduction française d'une marque déposée aux États-Unis. Les majuscules et l'absence d'espace et de trait d'union en font partie.
Qu'est-ce que la communication non violente ?
La CNV est un processus de communication élaboré par Marshall B. Rosenberg, qui repose sur le principe selon lequel « le langage et les interactions renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d'en faire autant ».
Marshall Rosenberg est un psychologue américain né dans les années 30, il a été l'élève de Carl Rogers (psychologue humaniste et fascinant de mon point de vue) et s'est aussi inspiré de Gandhi pour définir son approche.
« La CNV repose sur une pratique du langage qui renforce notre aptitude à conserver nos qualités de cœur, même dans des conditions éprouvantes. »
Selon Rosenberg, la CNV peut intervenir sur trois niveaux de communication :
Envers soi-même
Envers les autres
Depuis autrui
La Communication NonViolente peut donc servir pour soi (se parler gentiment à soi-même est très bénéfique, notamment pour développer notre propre estime), pour communiquer vers un ou plusieurs interlocuteurs et enfin pour recevoir un message.
Pour M. Rosenberg, le but de la CNV est de « favoriser l'élan du cœur et nous relier à nous-mêmes et aux autres, laissant libre cours à notre bienveillance naturelle. » En observant les raisons qui poussent les individus à faire preuve d'agressivité et de colère, il a constaté l'importance du langage et du choix des mots. C'est cette raison qui l'a poussé à développer la CNV.
En CNV, on parle de langage girafe et de langage chacal pour différencier un langage bienveillant d'un langage agressif.
Les piliers de la CNV
La CNV se base sur 4 fondamentaux, récapitulés par le schéma OSBD qui est l'acronyme de Observation, Sentiment, Besoin, Demande. Ce sont des piliers qui permettent l'analyse de la communication, l'ordre est peu important, ce qu'il faut retenir, c'est le lien entre ces niveaux.
Observation : Il s'agit de transcrire les faits sans émettre de jugement, de faire des observations à propos d'une situation donnée en toute objectivité et neutralité. Ces faits pourraient être admis par tous, par exemple "il pleut" est un fait.
Sentiment : Exprimer ses propres sentiments à ce sujet, ce que l'on ressent face à cette situation.
Les sentiments peuvent varier selon les personnes et le moment. Chacun peut, à partir d'un fait ressentir quelque chose de différent. Dans l'exemple de la pluie, cela peut induire de l'agacement chez une personne mais de l'excitation pour quelqu'un d'autre. L'expression d'un sentiment génère une émotion. L'émotion peut être positive (joie...) ou négative (tristesse...).
Besoin : Chercher le besoin qui se cache derrière le sentiment que ces faits génèrent pour vous. L'émotion que cela induit est l'expression d'un manque. S'il pleut et que cela m'agace, c'est sûrement parce que ça m'empêche de combler un besoin. Le besoin de sortir prendre l'air par exemple.
Demande : Formuler une demande qui réponde à ce besoin.
Ma demande dans le cas de la pluie serait de prendre l'air, de m'aérer. Je pourrais donc me dire : "j'ai besoin de sortir, je vais m'aérer la tête en lisant un livre, en attendant de pouvoir sortir prendre l'air".
L'exemple de la pluie correspond à une communication interne : tournée vers moi.
Dans un cas de communication entre deux personnes, cela pourrait ressembler à la situation suivante :
Faits : mon conjoint et moi sommes attendus pour déjeuner chez des amis, je veux partir à 12h00 pour arriver chez mes amis à 12h15. A 12h01, mon conjoint n'est pas prêt, et je suis agacée. Au lieu de lui dire "tu exagères, je t'avais dit que nous devions partir à 12h00, tu n'es pas prêt comme d'habitude, tu le fais exprès ou quoi etc..." en utilisant le principe de la CNV, je vais d'abord analyser le sentiment et le besoin qui se cache derrière pour exprimer ma demande :
Sentiment : je me sens énervée.
Besoin : j'ai besoin d'être à l'heure car la ponctualité est importante pour moi.
Demande : j'ai besoin que les horaires soient respectés, peux-tu être prêt à partir pour 12h la prochaine fois ?
À retenir
Dans la Communication NonViolente, on ne porte pas d'accusation ou de jugement sur autrui. Au contraire, on fait preuve d'empathie et on cherche à comprendre les sentiments et les besoins derrière les mots (un mot peut cacher des maux...).
Il ne s'agit pas de vivre dans un monde de bisounours et de donner l'impression de se moquer, au contraire l'utilisation de la CNV dans son mode d'origine telle que voulu par Rosenberg est justement de faire preuve d'une profonde empathie et de créer un lien avec son interlocuteur (on retrouve les concepts de Carl Rogers et de son approche centrée sur la personne).
Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le sujet, je vous conseille de lire "Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)" de M.B. Rosenberg : il est court et facile à lire. Je mets aussi un lien vers une de ses conférences disponible en version sous titrée.
Crédits photos : Frans Van Heerden - Gratisography
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